Une
invasion terrestre de la Syrie est entrain d’être préparée entre
acteurs arabes, turc et américain, à l’instar de ce qui s’est passé au
Yémen, affirme le journal libanais al-Akhbar, au moment où se
multiplient les déclarations qui y font allusion.
Aussi bien
Ankara, que Riad et Abu Dhabi ne cessent de marteler cette thèse.
Surtout depuis que deux membres du Congrès américain l’ont évoquée
dernièrement.
La semaine passée à Bruxelles, le Premier
ministre turc Ahmet Davutoglu n’a pas mâché ses morts, assurant que son
pays allait entamer une nouvelle opération aux côtés de l’Arabie
saoudite et d’un pays tierce dont il n’a pas dévoilé l’identité, pour
lutter contre le terrorisme en Syrie. Il a tenu ses propos aux côtés
du patron de l’Otan, Jens Stoltenberg, assurant que les frontières de la
Turquie avec les Syrie étaient elles-mêmes celles de l’Otan.
Sans tarder, l’Arabie saoudite s’est manifesté, exprimant par le
biais d’un responsable du ministère des AE saoudien qu’elle soutenait
l’intensification des efforts pour une coalition internationale pour
soi-disant combattre Daesh en Syrie et en Irak, insistant sur la
nécessite de la participation de la Grande Bretagne.
Quant aux
Emirats arabes Unis, ils ont affiché leur volonté franche de faire part à
un tel effort, écartant par la voix du ministre des AE, Anouar Karakech
le scénario d’une intervention qui ressemble à celle qui avait été mise
au pied pour libérer le Koweït de l’invasion irakienne au début des
années 90 du siècle dernier. « La coalition arabe au Yémen sous le
commandement de l’Arabie saoudite est l’exemple à suivre pour nous en
tant qu’Etats », a-t-il signifié.
Avant ces déclarations turques,
saoudiennes et émiraties, ce sont les deux congressemen républicains ,
John McCain et Lindsey Graham, très critiques à l'égard de la politique
d'Obama, qui s’étaient attardés pour exposer dans les détails ce
scénario.
Lors de leur visite de deux jours à Bagdad, tous deux se sont relayés pour exposer leur proposition" La
formation d’une force de 100 mille soldats étrangers, dont la majeure
partie devraient être originaires des pays arabes et musulmans, dont
l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Turquie en particulier. Au côté de 20
mille militaires américains dépêchés en Syrie et en Irak pour leur
prêter main forte.
Pour l’Irak seulement, les deux hommes ont
réclamé une augmentation des effectifs américains pour qu'ils atteignent
les 10 mille militaires, sachant que leur nombre actuel est de l’ordre
de 3.500 conseillers militaires.
Arabes sunnites contre les autres
Dans les propos de McCain, l’un des soutiens avérés aux milices
takfiristes en Syrie pour renverser le président syrien, et de Graham,
l’accent est fortement mis sur les différences communautaires et
nationalistes, quoique les turcs devraient en principe faire partie de
cette forces suggérée : « la mobilisation de nos alliés arabes dans une
force terrestre suggérée pour la Syrie est quelque chose de très
possible sans être facile pour autant… le fait d’isoler Assad est la
seule voie pour que les pays arabes sunnites puissent soutenir la force
terrestre proposée », a affirmé le premier, en allusion à une
proposition qu’il avait faite auparavant : la formation d’une force
européenne et arabe soutenue par 10.000 conseillers et formateurs
américains.
Et Graham de poursuivre pour expliquer le rôle de
ces conseillers, prenant bien soin d’être provoquant : « ils fourniront
les potentialités que les arabes ne possèdent pas », a-t-il indiqué, en
s’interrogeant non sans hypocrisie : « Depuis quand une armée arabe
a-t-elle effectué des manœuvres ? ».
Toujours avec autant de
duplicité, Graham prend soin de faire la distinction entre le scénario
proposé et les deux autres guerres, celles d’Afghanistan et d’Irak, aux
résultats mitigés pour les Etats-Unis et leurs alliés régionaux.
«Cette fois-ci, il est question d’une force formée d’une armée
régionale importante avec une petite force occidentale. Alors que durant
les deux autres guerres il y avait des forces occidentales importantes
et une force régionale très petite ».
Et de verser lui aussi
dans l’approche communautaire : « à mon avis, la force qui va rester
sera une force internationale et les Arabes sunnites pourront contrôler
une partie de la Syrie où ils seront accueillis après le départ de Daesh
».
Grignotage du principe "no boots on the ground"
Quoique
les positions de ce tandem républicain ne reflètent pas la politique de
l'administration américaine démocrate, l’AFP constate dans les
positions américaines officielles un renforcement de l'implication des
forces spéciales américaines en Syrie et en Irak. Lequel «grignote un
peu plus le principe du "pas de soldats sur le terrain" (no boots on the
ground) posé par le président Obama ».
En effet, l'implication se fait petit-à-petit, et sa révélation avec
une grande précaution, comme si elle voulait passer inaperçue, surtout
en Syrie.
Ce mardi, Washington a déclaré être "prêt à
renforcer" la cinquantaine de soldats des forces spéciales envoyés dans
le nord de la Syrie, et révélé qu’il a déployé une unité de forces
spéciales en Irak pour des raids contre la milice wahhabite takfiriste
Daesh.
En Syrie, "là où nous trouverons de nouvelles
opportunités de développer" le groupe des forces spéciales déjà sur
place, "nous serons prêts à le renforcer", a déclaré le secrétaire à la
Défense Ashton Carter devant la commission des forces armées de la
Chambre des représentants.
En Irak, les Etats-Unis "sont en
train de déployer" une "unité spécialisée" des forces spéciales pour
"aider les forces irakiennes et kurdes peshmergas" à mener des raids sur
le terrain contre le groupe Etat islamique, a-t-il ajouté.
Selon
lui, ces forces spéciales seront à terme capables de conduire des
raids, libérer des otages, obtenir du renseignement et capturer des
responsables du groupe Etat islamique.
Cette unité de forces spéciales "sera également en position de conduire des opérations unilatérales" en Syrie, a-t-il assuré.
Sources diverses
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