Ex-chef du renseignement militaire US: l'histoire nous punira pour l'Irak
L'invasion
de l'Irak était une erreur immense qui sera punie sévèrement, a reconnu
le lieutenant-général Michael Flynn, qui dirigeait les opérations de
renseignement pendant la guerre d'Irak.
Si
les Etats-Unis n'avaient pas envahi l'Irak, le groupe terroriste Etat
islamique n'aurait pas vu le jour, a déclaré l'ancien chef de l'Agence
du renseignement militaire américaine (DIA) et lieutenant-général
Michael Flynn dans une interview accordée à Der Spiegel.
"C'était une erreur immense. Quelque brutal que
soit Saddam Hussein, son élimination a été une faute. Idem avec Kadhafi
en Libye, qui est aujourd'hui un Etat en déliquescence. La grande leçon
historique qu'il faut tirer de tout cela est que l'invasion stratégique
de l'Irak a été une décision incroyablement mauvaise. L'histoire ne
doit pas être et ne sera pas condescendante à notre égard", a dit le
général Flynn.
Entre
2004 et 2007, Michael Flynn était en mission en Afghanistan et en Irak
en tant que chef du renseignement dans le Commandement des opérations
spéciales américaines. Il a notamment dirigé les recherches d'Abou
Moussab Al-Zarqaoui, chef d'Al-Qaïda en Irak et fondateur de l'Etat
islamique. Selon M.Flynn, les Etats-Unis ont toujours cherché à éliminer
le chef, estimant que son successeur aurait moins de succès. Le général
avoue que ce n'était pas vrai: à ben Laden et Al-Zarqaoui a succédé
Abou Bakr al-Baghdadi, "beaucoup plus intelligent" et "très dangereux",
et qui a transformé un conflit régional en une guerre religieuse
globale.
Michael Flynn crois que les Etats-Unis ont commis une erreur en 2004
en relâchant al-Baghdadi arrêté précédemment. "Nous avons été trop
bêtes. A l'époque nous ne comprenions pas à qui nous avions affaire",
a-t-il confié. "A présent, une structure (de l'EI) existe dans chaque
pays d'Europe, et cela concerne probablement les Etats-Unis, même si
nous ne parvenons pas encore à le détecter".
Le
général reconnaît que les seuls raids aériens ne suffisent pas pour la
victoire sur l'EI et qu'une opération au sol est indispensable. Tout
comme une coopération constructive avec la Russie. "La Russie a décidé
de s'engager militairement en Syrie, ce qui a changé cardinalement la
situation. Nous ne pouvons plus dire que la Russie est mauvaise et
qu'elle doit partir. Soyons réalistes: elle ne partira pas", a laissé
tomber le général.
Il a également critiqué le refus des Etats-Unis de coopérer sur la
question syrienne. "Le président français Hollande se rend à Washington
et demande une assistance militaire. En tant qu'Américain, je le trouve
étrange. Ce sont nous qui devions depuis longtemps aller lui proposer
notre soutien", a souligné Michael Flynn. Selon lui, cette position a
poussé François Hollande à s'entendre avec Moscou.
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