La coalition arabe accuse l'Iran d'interférer au Yémen, mais Téhéran nie
fermement.
Rohani dénonce les frappes qui tuent des "enfants
innocents"
De son côté, le président iranien Hassan Rohani a dénoncé
jeudi les frappes aériennes sur le Yémen qui tuent des "enfants innocents", sans
toutefois nommer directement l'Arabie saoudite, chef de file de la coalition
arabe.
"Ne tuez pas les enfants innocents. Un grand peuple comme celui du Yémen ne
se rendra pas avec des bombardements", a déclaré M. Rohani à l'adresse des "pays
de la région", ajoutant que "tout le monde doit penser à la fin de la guerre, au
cessez-le-feu et à l'aide humanitaire" dans ce pays.
"Pourquoi massacrez-vous les gens?", a demandé Hassan Rohani raillant les
"quatre avions" qui frappent "un pays faible sur le plan militaire".
L'Unicef fait état de 74 enfants tués depuis le début de l’agression.
M.Rohani a également demandé à la coalition de faire "machine arrière". "La
solution, c'est la fraternité, l'amitié", a affirmé le président iranien,
soulignant qu'il fallait "instaurer la paix et la stabilité dans la région".
L'Iran a tenté cette semaine de rallier le Pakistan, la Turquie et Oman, des
pays ayant des liens avec l'Arabie saoudite en vue de faciliter le dialogue
intra-yéménite pour trouver une solution politique au conflit. M. Rohani a également accusé de mensonges ceux "à l'autre bout du monde" qui
disent s'inquiéter du sort de la région, sans préciser à quel pays il faisait
allusion. Si c'était le cas, "pourquoi encouragez-vous les agresseurs?", a-t-il
demandé.
Le Président de la Commission de la sécurité nationale et de la politique
extérieure du parlement iranien, Alaeddin Boroujerdi, a pour sa part affirmé que
« l’Arabie s'imaginait qu’avec quelques jours de bombardement, elle pourrait
faire main basse sur le Yémen et d’en prendre le contrôle. Mais, elle ne se rend
pas compte qu’elle s'enlise dans un bourbier qui affecterait ses propres
intérêts».
Les USA ont commencé à ravitailler en vol les Saoudiens
Entre-temps, l'armée de l'Air américaine a commencé à
ravitailler en vol les avions de chasse de la coalition qui bombardent le Yémen,
a annoncé mercredi le Pentagone, cité par l’AFP.
Le premier ravitaillement a eu lieu mardi soir. Un KC-135 Stratotanker de
l'US Air Force a fourni du carburant à un F-15 saoudien et à un F-16 de la
flotte des Emirats arabes unis, a indiqué le colonel Steven Warren, un
porte-parole du Pentagone.
"Les avions ravitailleurs vont sortir tous les jours", a dit le colonel
Warren.
Une douzaine de soldats américains travaillent avec leurs collègues saoudiens
dans une base de Ryad, selon des responsables militaires américains. Le président Barack Obama a promis d'apporter un soutien logistique et de
renseignement à la coalition dirigée par les Saoudiens, entrée en guerre contre
le Yémen, le 26 mars.
Ansarallah accuse le Président démissionnaire de complicité avec
Al-Qaïda
Au niveau politique, le porte-parole du mouvement yéménite
Ansarallah a réitéré que « le Président démissionnaire coopère ouvertement avec
l’organisation terroriste d’Al-Qaïda ».
Cité par l’agence iranienne Irib, Mohammed Abdessalam, a expliqué que le
président démissionnaire, Abd Rabo Mansour Hadi, avait mis à l’époque où il
était au pouvoir à Sanaa des bases militaires de l’armée à la disposition de ce
groupe, et après son installation au Sud du Yémen il a dirigé la guerre et le
conflit sous une autre forme. Evoquant la récente libération des prisonniers membres d’Al-Qaïda à Aden au
sud, le porte-parole du mouvement Ansarallah a déclaré : « c’est une coopération
flagrante entre Abd Rab Mansour et Al-Qaïda. Il a fait fuir les prisonniers
membres de ce groupe terroriste de la prison centrale d’Aden. » a-t-il insisté
pour dire que la crise ne touche pas seulement les villes d’Aden, d’Abyan ou de
Chabwa, mais tout le sud et cela suite à l’infiltration grandissante d’Al-Qaïda
dans ces régions.
Raids nocturnes contre des bâtiments
résidentiels
Sur le terrain, l’armée yéménite et les forces révolutionnaires (Houthis) ont
sécurisé ce jeudi la ville de Anaq capitale de la province de Chabwa au sud, où
ils pourchassent les miliciens de Daesh et d’Al-Qaïda, a rapporté le
correspondant d'AlManar. Cependant, les avions de chasse saoudiens ont mené des raids contre
différentes régions du Yémen.
Selon la chaîne arabophone iranienne, Al-Alam, des dizaines de personnes ont
été tuées dans les bombardements d’un marché au nord de la capitale Sanaa. Les bombardements ont également visé des appartements dans la région de Wadi
Baghlan, à l’ouest de Sanaa. Plusieurs civils ont perdu la vie. La société des télécommunications au nord de la capitale a elle aussi été
visée.
L'OMS révise à la hausse son bilan à 643 morts
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a révisé à la
hausse mercredi le bilan des personnes tuées au Yémen depuis le 19 mars à 643
morts et 2.226 blessés, dans un communiqué publié par le bureau régional de
l'organisation, en charge du secteur Méditerranée orientale.
Mardi, un porte-parole de l'OMS à Genève avait fait état d'un bilan d'au
moins 540 morts et 1.700 blessés. Les deux bilans sont datés du 6 avril.
L'OMS a également indiqué mercredi que le bilan des pertes humaines était
susceptible de changer dans les prochains jours, car de nouveaux cas sont
encours de vérification.
Selon l'OMS, 15,9 millions de personnes sont touchées par les violences en
cours au Yémen, et il y a 334.093 personnes déplacées à l'intérieur du pays. En outre, l'OMS fait état de 254.413 réfugiés à l'étranger. "La situation humanitaire est critique, il y a des coupures de courant", et
ainsi que des pénuries d'eau et d'essence, indique l'OMS. L'Organisation a préparé une aide médicale qui attend le feu vert de la
coalition pour acheminer au Yémen depuis Dubaï, où elle est stockée. Elle a estimé à 61,87 millions de dollars les besoins en matière de santé au
Yémen.
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