La Chine continue à réaliser sa vaste réforme militaire, son objectif étant de renforcer ses positions dans la région Asie-Pacifique pour dissuader les États-Unis et d’adapter ses capacités militaires aux nouveaux défis géopolitiques.
L’armée chinoise va procéder à un remaniement massif de son commandement. Près de 50 officiers de haut rang, dont 18 généraux, démissionneront prochainement, relate le journal South China Morning Post, citant des sources militaires. Parmi ces 18 généraux figure l’amiral Sun Jianguo, chef adjoint d’État-major des armées.
« Les changements à venir visent à promouvoir une nouvelle génération d’officiers », affirment les sources. Le dirigeant chinois Xi Jinping veut optimiser les forces de l’armée chinoise et augmenter sa puissance en introduisant de nouvelles technologies dans le secteur de la défense. Le leader chinois s’attend à une percée dans les capacités de défense de la Chine au cours du 13e plan quinquennal (2016-2020).
Des forces terrestres sans pareilles
D’ici à la fin de l’année, Pékin devrait réduire ses effectifs militaires de 300 000 réservistes. Cependant, l’armée chinoise restera la plus importante du monde, avec deux millions de militaires.
Au début de l’année 2017, la Chine comptait 2,3 millions de militaires actifs, selon les données de Global Firepower. À titre de comparaison, les États-Unis disposent de 1,4 million de militaires prêts au combat, l’Inde de 1,3 million et la Russie de 766 000.
Dans le même temps, la Chine compte plus de 1,3 milliard d’habitants, le personnel militaire ne représentant que 0,4 % de sa population. La principale force de frappe de l’armée chinoise est constituée par les divisions blindées et mécanisées. Ces unités ont été mises en place il y a peu de temps et sont équipées d’un grand nombre d’armements modernes.
La Chine modernise actuellement ses forces d’artillerie et d’aviation ainsi que ses unités de défense aérienne. Cette réforme est alimentée par l’industrie de défense nationale capable de concevoir et de produire des armes de tous types, y compris les plus avancées. le drone Arc-en-ciel-5 (CH-5).
L’industrie chinoise de la défense a évolué, passant d’une stratégie visant à copier le matériel militaire occidental et soviétique à la combinaison de technologies développées à l’étranger et de créations originales. La Chine est à la veille d’une percée technologique permettant de développer des armes et des équipements pour une guerre dite en réseau qui combine la puissance militaire et les capacités informatiques.
Les données sur les importations d’armes chinoises montrent que le point faible de son industrie de défense réside dans les hélicoptères et les systèmes de défense antimissile. Les forces terrestres chinoises sont sans pareilles, bien qu’une grande partie des systèmes en service soient de plus en plus obsolètes. La Chine possède la plus grande quantité de chars (de 8 000 à 12 000 chars) et d’artillerie (jusqu’à 30 000 unités) au monde.
Le renforcement des capacités militaires de la Chine s’explique par les objectifs géopolitiques du pays, estime Vadim Koziouline, professeur de l’Académie russe des sciences militaires. « La Chine cherche à être la première puissance dans la région Asie-Pacifique.
Dans le même temps, elle est en train de construire des forces militaires mobiles capables d’agir n’importe où », a déclaré M. Koziouline à la chaîne RT.
Un affrontement géopolitique
Ces dernières années, la marine chinoise est passée d’une petite flotte à une force redoutable visant à assurer sa domination dans le Pacifique. Dans les années 1990, Pékin a lancé plusieurs projets de sous-marins avancés, de contre-torpilleurs, de frégates et de corvettes.
L’aviation navale chinoise a également été sérieusement modernisée. En 2012, le premier porte-avions, le Liaoning, a été commandé par la marine chinoise. Il s’agissait en fait d’un porte-avions soviétique, le Variag, rénové et réaménagé. La Chine l’a acheté à l’Ukraine en 1998 pour 25 millions de dollars.
De plus, Pékin développe son propre projet de porte-avions. D’ici 2020, les forces navales chinoises devraient recevoir plusieurs porte-avions conçus et construits en Chine. La croissance de la marine chinoise est une grande préoccupation pour les États-Unis dans le Pacifique.
En particulier, la Chine a des revendications territoriales sur les îles Spratleys (revendiquées également par Brunei, Taiwan, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam), un archipel riche en pétrole situé dans la mer de Chine méridionale. Pékin s’oppose également à la présence militaire américaine dans la région, en particulier au Japon et en Corée du Sud. La Chine a fait de nombreuses tentatives pour manifester sa domination dans la mer de Chine méridionale.
Par exemple, le 15 décembre 2016, le navire de sauvetage chinois ASR-510 a capturé un drone lancé depuis le navire océanographique américain USNS Bowditch. L’incident a eu lieu dans les eaux neutres et a rapidement été réglé par la voie diplomatique.
Le président élu américain Donald Trump a commenté cet incident tout en soulignant que la Chine « avait volé » le drone. Les nombreuses remarques critiques de M. Trump à l’égard de la Chine portent à croire que la nouvelle administration considère ce pays comme un de ses principaux rivaux. Ainsi, il n’est pas surprenant que M. Trump se soit prononcé pour l’augmentation du nombre de navires de 272 à 350 d’ici 2030.
Le président sortant Barack Obama a mené une politique opposée, tentant de réduire les dépenses de la marine.
» La Grande muraille sous-marine »
Pour intensifier sa présence dans la mer de Chine méridionale, Pékin construit une sorte de « Grande Muraille sous-marine ». Ce projet lui permettra de surveiller toutes les activités sous-marines dans la région. « L’intérêt stratégique de la Chine dépasse la mer de Chine méridionale. Pékin souhaite contrôler des îles et des détroits qui pourraient être bloqués par la marine américaine en cas de crise. Pékin est prêt pour un affrontement avec Washington et ses alliés régionaux », a déclaré M. Koziouline.
L’expert militaire Vadim Soloviev a pour sa part souligné qu’il n’y avait actuellement aucune menace militaire directe pour la Chine dans la région. « Certains conflits issus de l’histoire de la Chine, comme Taïwan et la région autonome ouïgoure du Xinjiang, ne sont pas à exclure, mais il est peu probable que des menaces militaires puissent émerger », a déclaré l’expert.
M. Soloviev a également indiqué que le risque d’une confrontation militaire directe entre les États-Unis et la Chine était surestimé. « Donald Trump devra s’occuper de nombreux problèmes intérieurs américains et non pas tenter de dissuader la Chine. Malgré ses déclarations, la réalité est que Washington peut reconnaître la domination de la Chine au moins dans la mer de Chine méridionale », a conclu l’expert.
Source: almanar.com.lb
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