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mardi 15 mars 2016

Vers une nouvelle guerre au Liban


                                                                           
Michel Sleiman fut élu, le 25 mai 2008, par la Chambre des députés en violation de la Constitution libanaise (l’article 49 interdit à un haut fonctionnaire d’être élu moins de deux ans avant d’avoir quitté ses fonctions). Il ne fut pas installé par son prédécesseur, Émile Lahoud, mais par l’émir du Qatar, en présence du représentant de l’ancienne puissance coloniale française, Bernard Kouchner, siégeant non pas à la tribune, mais sur le banc du gouvernement.
 
 

Michel Sleiman fut élu, le 25 mai 2008, par la Chambre des députés en violation de la Constitution libanaise (l’article 49 interdit à un haut fonctionnaire d’être élu moins de deux ans avant d’avoir quitté ses fonctions). Il ne fut pas installé par son prédécesseur, Émile Lahoud, mais par l’émir du Qatar, en présence du représentant de l’ancienne puissance coloniale française, Bernard Kouchner, siégeant non pas à la tribune, mais sur le banc du gouvernement.

Depuis mai 2008, le Liban ne respecte plus sa propre constitution et n'a plus de budget. Le pays, aujourd'hui à la dérive, est redevenu une proie facile pour Israël.L'échec de l'opération contre la Syrie conduit le parti colonial à se chercher une nouvelle cible. Si une seconde guerre civile peut encore être évitée, il sera difficile d'empêcher une nouvelle invasion.

Depuis l'accord de Doha et l'élection anticonstitutionnelle de Michel Sleiman comme président de la République, en 2008, le Liban n'a pas connu d'événement politique marquant jusqu'à août dernier. Au cours des sept derniers mois, le pays a été secoué lors de la « crise des ordures » par des manifestations susceptibles de déboucher sur une seconde « révolution du Cèdre », puis par une crise de confiance avec l'Arabie saoudite et ses alliés, enfin par une mise en cause internationale du Hezbollah. Trois événements qui, pris séparément, semblent s'expliquer par eux-mêmes et ne débouchent sur rien. Et pourtant...

En août 2015, débuta subitement la « crise des ordures » : l'État ne parvint pas à renouveler le contrat de ramassage des poubelles par la société Sukleen. En quelques jours, le pays dans son ensemble devint une vaste poubelle, les déchets s'amoncelant dans les rues. Des manifestations se formèrent accusant le gouvernement d'incurie. Bientôt des milliers de manifestants clamaient dans le centre de la capitale que les politiciens eux-mêmes étaient des ordures, pillant l'État au détriment des citoyens. Des médias évoquaient un début de révolution colorée comparable à la « révolution du Cèdre » organisée par les États-Unis après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri ; d'autres médias évoquaient une extension du « printemps arabe » [1]. En définitive la fureur populaire retomba car le système communautaire unique du Liban —imposé par la France— attache chaque citoyen à sa communauté religieuse et l'empêche de se positionner sur les questions nationales.

Toutefois, sept mois plus tard, la crise des ordures n'est toujours pas résolue. Certes, la capitale et les grandes villes sont nettoyées, mais dans de nombreuses régions, les poubelles s'accumulent répandant une odeur nauséeuse. La persistance et la généralisation de ce problème ont des conséquences en matière de santé publique. Les virus se propagent et presque tous les Libanais sont malades épisodiquement. Elles ont aussi des conséquences économiques. De facto, le tourisme, principale source de revenu officiel du pays, est en forte baisse.

La seconde crise a débuté avec l'annulation du don saoudien de 3 milliards de dollars à l'Armée libanaise [2]. En réalité, ce « don » était la rémunération versée à l'Armée libanaise pour avoir détruit le témoignage de Majed el-Majed qu'elle avait arrêté lors de son transport en ambulance, le 26 décembre 2015. Le célèbre terroriste était le représentant du prince Bandar Ben Sultan au Levant. Il était suspecté de connaître personnellement la totalité des politiciens qui soutiennent secrètement les jihadistes. Son témoignage aurait gravement mis en difficulté le royaume saoudien. L'homme eut la bonne idée de mourir après quelques jours de détention sans que son témoignage détaillé ne soit enregistré.

Pour justifier l'annulation de son « don », Riyad évoqua la réaction du Liban à l'exécution de cheikh Nimr Baqr al-Nimr. Le 2 janvier 2016, la pétro-dictature avait en effet décapité le chef de son opposition. Or, il se trouve que cette personnalité était un religieux chiite, ce qui souleva une vague d'indignation dans toutes les populations chiites du monde, y compris au Liban [4]. L'Arabie saoudite mobilisa ses alliés pour affirmer son droit absolu à tuer qui il souhaite parmi ses sujets, tandis que le Liban se tint prudemment sur la réserve. Riyad décida d'y voir une forme d'ingratitude au regard des milliards déversés durant des années pour soutenir le 14-Mars, c'est-à-dire la coalition des partis communautaires libanais collaborant avec Israël.

Surtout, Riyad décida de couler l'économie libanaise en interdisant à ses sujets de se rendre au Liban et en faisant étendre cette interdiction aux Bahreïnis et aux Émiratis. Privé de ses touristes du Golfe, les commerces et les banques sont immédiatement entrés en récession.

 

Source: voltairenet.org

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