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vendredi 7 novembre 2014

L`hécatombe se poursuit: 20 tonnes de poissons morts dans la baie de Rio

20 tonnes de poissons morts dans la baie de Rio

Terrassés par un mal mystérieux, des milliers de petits poissons argentés flottent en bans inertes dans la baie de Rio de Janeiro, au Brésil.

Un grand mystère plane sur la baie de Rio après hécatombe de milliers de petits poissons. Certains agonisent bouche grande ouverte, avant d'échouer sur l'île carte postale de Paqueta.

Les pêcheurs dénoncent une pollution pétrolière. Les scientifiques n'y croient pas, mais ne s'expliquent toujours pas la cause de cette hécatombe jamais vue.

Une odeur fétide remplit cette petite île paisible de 4500 habitants, interdite aux voitures. C'est un endroit prisé des touristes pour son charme colonial figé dans le temps, et ses baobabs, les seuls spécimens du Brésil.

«Nous voulons savoir pourquoi tant de poissons meurent. Cela pue; il y a beaucoup de mouches dans l'île. Et les autorités ne nous disent rien; on a peur. On ne se baigne plus et on n'achète plus de poissons ici», proteste Vilma Leocadio, de l'association des habitants de Paqueta.

«Je n'ose plus mettre un pied dans l'eau avec tous ces cadavres (de poissons). On les voit en train d'agoniser. Je lance un appel au secours pour Paqueta», renchérit Rosimere Figueiredo, 52 ans.

20 tonnes déjà retirées

L'entreprise municipale de nettoyage Comlurb a retiré des plages de l'île, entre vendredi et mardi seulement, 20 tonnes d'aloses mortes - un poisson de la famille des Clupeidae qui inclut la sardine et le hareng - ainsi que quatre tortues marines.

«Les tests ont montré que ce n'est pas une question de pollution chimique ou toxique de l'eau», assure à l'AFP, l'océanographe David Zee, de l'université de Rio (UERJ).

Leandro Daemon, de l'institut national de l'environnement (INEA) a confirmé à la presse que les analyses de l'eau de la baie n'avaient révélé aucune substance chimique toxique, ni aucune variation anormale dans le pH (potentiel hydrogène), dans la salinité ou la quantité d'oxygène de l'eau.

«Nous n'avons pas encore de réponse sur ce qui se passe, mais nous pouvons exclure avec certitude l'hypothèse d'une pollution chimique qui tuerait les poissons», a-t-il dit assuré.

Produits chimiques et ordures

Cela fait bien longtemps que le site naturel à couper le souffle de la baie de Rio a été souillé par l'homme. Rejets de produits chimiques industriels, égouts déversant quotidiennement des tonnes d'ordures dérivant à la surface entre les coques de dizaines de navires cargos ou pétrolier. La baie, où sont programmées certaines compétitions aquatiques des jeux Olympiques de 2016 offre souvent un triste spectacle de poubelle maritime.

Mais les petits pêcheurs indépendants de la baie n'ont jamais assisté à un tel phénomène. Et quoiqu'en disent les scientifiques, ils pointent du doigt les activités pétrochimiques de Petrobras.

Cinq poissons morts ont été envoyés mardi au département de biologie de l'université UFRJ pour analyses. Les résultats seront connus dans une semaine. Les experts vont chercher à détecter des indices de pollution toxique dans leurs viscères et branchies, ou la présence d'une éventuelle maladie qui n'affecterait que cette espèce.

Selon l'océanographe David Zee, l'hypothèse la «plus probable est que ce phénomène soit provoqué par une pollution thermique de l'eau».

Manque d'oxygène

«L'alose est un poisson très sensible au manque d'oxygène, explique-t-il à l'AFP. Les fortes températures de l'eau enregistrées depuis plusieurs jours, de 27 à 30 degrés Celsius, aux abords peu profonds de l'île diminuent la solubilité de l'oxygène», ce qui pourrait provoquer la mort par asphyxie de cette espèce.

Paqueta, découverte en 1556 par le Français André Thevet, se situe tout au fond de la baie, là où l'eau se renouvelle le moins, un phénomène accentué par les très basses marées de la saison. Le biologiste Mario Moscatelli observe depuis 20 ans les eaux de la baie et reste perplexe.

«J'ai survolé la région au début octobre et il y avait déjà des poissons qui flottaient. Au début, j'ai cru que c'étaient des poissons rejetés à la mer par les pêcheurs. Mais cela dure depuis trop longtemps et je les ai vu agoniser comme s'ils manquaient d'oxygène», ajoute-t-il.

Il ne croit pas non plus à une pollution chimique, «car d'autres espèces seraient mortes». «Nous avons plus de questions que de réponses», admet-il.

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