Le monde est actuellement plus proche d’une guerre nucléaire qu’il ne l’a jamais été depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est ce qu’affirme Renata Dwan, directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir).
Elle souligne que la menace d’un conflit nucléaire mondial est un problème urgent. « Les accords traditionnels sur le contrôle des armements ont été érodés et les négociations sur le désarmement sont de plus en plus dans l’impasse », affirme Dwan. Selon elle, les médias n’accordent pas suffisamment d’attention à cette menace.
Une nouvelle course aux armements nucléaires
Elle rappelle que la course stratégique que se livrent les États-Unis et la Chine a changé la donne au plan géopolitique international. Cela motive les autres puissances nucléaires à moderniser leur arsenal nucléaire militaire.
Un certain nombre d’experts et de dirigeants partagent ses inquiétudes face à cette nouvelle course aux armements nucléaires. Ils pointent les tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, mais aussi les relations difficiles entre l’Inde et le Pakistan. Ils rappellent que les Etats-Unis et la Russie, les plus grandes puissances nucléaires du monde, ont maintenu depuis la guerre froide un grand nombre d’ogives nucléaires prêtes à être envoyées sur l’autre.
D’autres se montrent plus optimistes, observant que l’arme nucléaire n’a encore été déployée qu’une seule fois dans l’histoire, il y a plus de 70 ans de cela. C’était lors du bobardement des deux villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Quels pays disposent de l’arme nucléaire ?
Neuf pays se sont dotés d’un arsenal nucléaire. 5 d’entre eux (les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, la France et la Chine), les premiers à avoir développé des bombes atomiques, ont signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968.
4 autres nations (Israël, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord) ont aussi mis au point un arsenal nucléaire, mais se sont abstenus d’adhérer au TNP.
Ensemble, ces neuf puissances nucléaires (L’Iran a indiqué qu’il pourrait aussi reprendre ses travaux pour développer un armement atomique) disposent actuellement d’un arsenal composé d’environ 14 500 têtes nucléaires, ce qui semble bien plus qu’assez pour désintégrer notre belle planète. Pourtant, au plus fort de la guerre froide, dans la seconde moitié des années 80, on en recensait bien plus : environ 70 300…
Un traité d’interdiction des armes nucléaires… pas encore entré en vigueur
Les Nations Unies ont adopté le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires il y a près de deux ans, en raison des inquiétudes suscitées par la possibilité croissante du règlement « nucléaire » d’un des conflits actuels . 122 nations y ont adhéré, mais à l’heure actuelle, seules 23 d’entre elles l’on effectivement ratifié. Or, il faudrait obtenir 50 ratifications pour qu’il entre en vigueur. En outre, les États-Unis, la Russie et les autres puissances dotées de l’arme nucléaire s’opposent à ce traité.
Néanmoins, la plupart des experts pensent que la probabilité qu’une guerre nucléaire se produise demeure faible, même s’ils soulignent que les tentatives de contrôle des armements ont échoué, surtout aux Etats-Unis et en Russie. Nikolai Sokov, ancien négociateur russe, estime que tout indique qu’une nouvelle course aux armements à la fois conventionnels et nucléaires est repartie en Europe.
Le scénaro de l’annexion russe d’un pays balte
La Russie, qui montre des velléités d’expansion en Europe, risque de plus en plus d’empiéter sur le territoire de l’alliance militaire occidentale de l’OTAN. Certains craignent même que le président russe Vladimir Poutine n’envisage l’invasion de l’un des États baltes, autrefois inclus dans l’Union soviétique.
Si cela se produit « Les États-Unis seraient obligés de défendre le pays balte en vertu du traité, ce qui garantirait très certainement le déclenchement d’une guerre de tir avec Moscou », selon certains experts. Dans ce scénario, on pense à Washington que la Russie tenterait « d’escalader pour désescalader », c’est à dire qu’elle tirerait les premiers coups, pour choquer l’Occident et se donner la possibilité désamorcer le conflit avant qu’il ne devienne incontrôlable.
Ce n’est pas le seul point chaud du monde. Le Pakistan et la Corée du Nord ont aussi des attitudes belliqueuses.
La plus grande puissance ne s’interdit pas d’initier un conflit nucléaire
Pourtant, Olga Oliker et Andrey Baklitskiy, deux experts en stratégie nucléaire de la Russie, ont écrit l’année dernière dans un papier intitulé War on the Rocks que la doctrine militaire russe prévoyait que le pays ne pouvait recourir aux armes nucléaires qu’à titre de représailles, et seulement si un ennemi y faisait lui-même appel initialement. De même, la Chine et l’Inde s’interdisent également d’être les initatrices d’un éventuel conflit nucléaire.
En pratique, les Etats-Unis sont le seul pays qui ne s’impose pas une telle règle. Les observateurs soulignent donc que l’attitude de l’actuel occupant de la Maison-Blanche sera décisive. Un sondage publié l’année dernière montre que 52 % des Américains craignent que leur président ne lance une attaque nucléaire sans raison.
Dans ce domaine, l’évolution des relations entre la Chine et les États-Unis est donc cruciale. « Le bon sens peut prévaloir. Le contrôle des armements progresse, en réactioon à la pression croissante du public. Il est possible que l’humanité finisse par couvrir avec sa voix celle des trafiquants d’armes et les dirigeants belliqueux de ce monde« , écrit Bloomberg.
Source: fr.express.live
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