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dimanche 21 octobre 2018

Pour Moscou, le retrait américain du traité sur les armes nucléaires pourrait mener au «chaos»


Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a jugé dangereux le retrait américain du traité nucléaire INF, signé avec la Russie en 1987. Il a souligné son importance pour la sécurité internationale.

Le retrait américain, annoncé le 20 octobre par le président Donald Trump, du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), signé avec la Russie en 1987 pendant la guerre froide est un «pas dangereux», selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

«Cela serait un pas très dangereux qui, j'en suis sûr, ne sera pas compris par la communauté internationale et va même attirer de sérieuses condamnations», a déclaré Sergueï Riabkov le 21 octobre, cité par l'agence publique russe TASS. Il a en outre rappelé que ce traité était «significatif pour la sécurité internationale et la sécurité nucléaire, pour le maintien de la stabilité stratégique».

Le sénateur Konstantin Kossatchev, président du comité des Affaires étrangères du Conseil de la fédération de Russie, la chambre haute du Parlement russe, a pour sa part jugé que la décision pouvait être considérée comme s'inscrivant dans une méthode de «chantage continu» de la part de Washington. Le sénateur s'est inquiété qu'une telle attitude ne mène l'humanité au «chaos complet en termes d'armes nucléaires».

«En cas de sortie des Etats-Unis [du traité INF], tout le système de stabilité stratégique dans le monde sera attaqué de plein fouet. Le premier coup dur a été le retrait des Etats-Unis du Traité ABM en 2001», a rappelé sur son compte Twitter le sénateur russe Alexeï Pouchkov. Le traité ABM (en anglais Anti-Ballistic Missile) avait été signé à Moscou le 26 mai 1972 dans le cadre des négociations sur la limitation des armes stratégiques. Les Etats-Unis ont annoncé leur retrait officiel de cet accord le 13 décembre 2001 et en sont sortis effectivement le 13 juin 2002.
 
« [Si les Etats-Unis continuent à agir] de façon maladroite et grossière et à se retirer unilatéralement de traités internationaux, alors nous n'aurons pas d'autre choix que de prendre des mesures de rétorsion, y compris concernant la technologie militaire», a encore déclaré Sergueï Riabkov, précisant que la Russie ne souhaitait pas en arriver là.
Comme justification de son annonce, Donald Trump a accusé la Russie de ne pas respecter l'INF. L'administration américaine se plaint du déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée, selon Washington, dépasse les 500 km, ce qui constituerait une violation du traité INF. Ce traité, en abolissant l'usage de toute une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5 500 km, avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement en Europe de l'Est des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.

Sergueï Riabkov a rejeté ces accusations. «Non seulement nous ne violons pas le traité mais nous le respectons de la façon la plus stricte», a-t-il insisté. Retournant les accusations de Washington, il a ajouté : «Nous avons fait preuve de patience au fil des années face à de flagrantes violations du traité par les Etats-Unis eux-mêmes.»

Le conseiller de la Maison blanche à la Sécurité nationale, John Bolton, est attendu ce 21 octobre à Moscou. «Nous espérons qu'il va nous expliquer de façon plus substantielle et claire, au cours de nos rencontres [...] quelles actions les Etats-Unis comptent entreprendre», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Mais selon le Guardian, c'est John Bolton lui-même qui aurait fait pression sur le président américain pour un retrait du traité INF. C'est également lui qui bloquerait toute négociation pour une extension du Traité sur la réduction des armes stratégiques, communément appelé le New START (pour Strategic Arms Reduction Treaty), qui arrive à expiration en 2021 et que Moscou souhaite prolonger.

En outre, ce que Washington ne met pas en avant, c'est que ce retrait américain de l'INF pourrait également avoir été décidé avec Pékin en ligne de mire. Ainsi, selon plusieurs observateurs, la Chine, qui n'a pas signé ce traité, peut développer sans contraintes des armes nucléaires de portée intermédiaire, ce qui n'a pas l'heur de plaire aux Américains.
Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu en octobre 2017 que tout retrait de Washington de l'accord provoquerait une mesure équivalente de la part de Moscou. Le 11 novembre, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouveront à Paris pour les célébrations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

Source: rt

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