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jeudi 22 septembre 2016

CBS News dévoile les secrets du bouton nucléaire américain


La guerre froide est depuis longtemps terminée, mais les forces nucléaires américaines restent en état d’alerte. L’éventualité d’un conflit nucléaire entre Washington et Moscou n’a donc pas disparu.


Le reporter de CBS News David Martin a réussi à s’entretenir avec ceux qui devront peut-être, un jour, exécuter l’ordre du président américain sur l’utilisation de l’arme nucléaire. Pour ce faire, il lui a fallu pénétrer à bord du sous-marin Kentucky remonté en surface quelque part dans la région de Hawaï. Ce sous-marin, le plus redoutable de l’arsenal américain,  porte 200 ogives nucléaires. Il est commandé par Brian Freck. 

Au début de l’entretien, le capitaine commandant a noté que les ogives embarquées sur son sous-marin étaient 30 fois plus puissantes que la bombe larguée sur Hiroshima.  Quant à la possibilité de détecter le bâtiment, le capitaine est sûr à 200 % que c’est impossible. Le reporter ne  l’a trouvé que  parce que le rendez-vous avait été fixé à l’avance.  Un échange de questions-réponses a suivi:  


David Martin: Si ce bâtiment avait été un pays, vous auriez été une puissance nucléaire.  


Brian Freck: Vous avez tout à fait raison.   


David Martin: Pensez-vous au pouvoir qui est concentré dans vos mains?   


Brian Freck: C’est une responsabilité sérieuse, mais cette responsabilité va de pair avec une formation et une pratique sérieuses.  Une seule personne ne peut pas effectuer le lancement. Les clés sont gardées par moi et par d’autres membres de l’équipage. Une clé est apportée au capitaine par deux matelots et les deux doivent la tenir dans la main. 


David Martin: Et la combinaison du coffre-fort?  

Brian Freck: Personne à bord ne la connaît. Nous la recevons avec l’ordre de lancement. De cette façon, je comprendrai que l’ordre de lancement est donné par le président quand la combinaison qu’il me transmettra permettra d’ouvrir ce coffre-fort.  

Vous voulez dire que le président vous communique littéralement la combinaison du coffre-fort dans lequel se trouve la clé?  

Brian Freck: C’est ça.  L’USS Kentucky, ainsi que tous les autres sous-marins porteurs d’engins nucléaires, les missiles balistiques intercontinentaux et les bombardiers nucléaires, sont commandés par l’amiral Cecil Haney.  Le chef du Commandement stratégique des Etats-Unis Cecil Haney est le haut gradé le plus influent dont vous ne savez rien. Il commande non seulement les forces nucléaires, mais aussi les satellites dans l’espace et les armes cybernétiques.  Son point de presse du matin dans le quartier général du Commandement stratégique à Omaha (Nebraska) est top secret.  

Les questions suivantes sont maintenant adressées à ce militaire omnipotent.  

David Martin: Qui, dans le gouvernement des États-Unis, a le droit de donner l’ordre d’utiliser l’arme nucléaire?  
Cecil Haney: Ce droit n’appartient qu’au président des États-Unis.  

L’approbation du Congrès est-elle nécessaire?  

Cecil Haney: Non, l’approbation du Congrès n’est pas nécessaire.  

Pouvons-nous dire que c’est l’arme personnelle du président?  

Cecil Haney: C’est l’arme de notre pays dont dispose le président. C’est ça.  

L’amiral Haney a fait entrer le journaliste dans le Centre des opérations stratégiques, un site absolument secret situé au troisième étage souterrain. Si un missile est tiré sur les États-Unis, c’est dans ces locaux que parvient l’avertissement et commence le compte à rebours.  Dans cette salle se trouve un coffre-fort avec un exemplaire du « Livre noir », un guide d’action pour prendre des décisions relatives à  l’utilisation de l’arme nucléaire. Un autre exemplaire est dans la mallette nucléaire dont le président ne se sépare jamais.  

David Martin: Combien de temps vous faut-il pour joindre le président en cas de crise?  

Cecil Haney: Très peu de temps.  Si la Russie avait tiré un missile depuis un sous-marin situé non loin de la côte américaine, son vol aurait duré quelques minutes seulement. 

Le président, combien de temps a-t-il pour prendre une décision?  

C’est William Perry, secrétaire américain à la Défense entre 1994 et 1997, qui répond.  

William Perry: Sept, huit, neuf minutes. Cela dépend. Mais pas plus de dix.  

Voulez-vous dire que nous continuons de vivre sur une poudrière?  

William Perry: C’est ça.  

Au fond, rien n’a changé depuis l’époque de la guerre froide et il y a suffisamment d’armes pour anéantir la civilisation.  En 1979, une fausse alerte a été donnée suite à des manipulations erronées d’un officier de service, faisant croire que 200 missiles balistiques intercontinentaux allaient s’abattre sur les États-Unis. Heureusement, le commandement a réussi à prendre des mesures  opportunes  avant d’en informer le président. Ce fut le seul incident en 45 ans, mais William Perry reconnaît qu’une seule fois aurait suffi. 

Les toutes  dernières questions ont été posées à Cecil Haney.  

David Martin: Quelles seront vos actions si le président vous ordonne d’utiliser l’arme nucléaire et que vous n’êtes pas d’accord?  

Cecil Haney: Le président attend qu’en tant que commandant de ses troupes je lui fournisse les meilleures recommandations. Il escompte que je lui donne mon opinion.  

Cela, c’est  votre opinion. Mais si vous n’êtes quand même pas d’accord avec la décision du président?  

Cecil Haney: Je suis un militaire et les militaires ont l’habitude d’exécuter les ordres du chef suprême des armées. 

Source: fr.sputniknews.com

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