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mercredi 20 décembre 2017

Les nombreux signes qui permettent de croire à une très prochaine guerre contre l'Iran


Les États-Unis n’ont pas l’intention de mettre fin à leur présence militaire en Irak (ainsi qu’en Syrie) après la défaite de l’État islamique. Ils prévoient de faire de l’Irak un théâtre d’affrontement majeur contre l’Iran. Il y a des signes qui montrent qu’une guerre avec l’Iran pourrait bien être beaucoup plus proche que nous ne le pensons.
Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, un fonctionnaire connu pour son opposition farouche à l’Iran, a averti Téhéran que les États-Unis le rendraient responsable de toute attaque qu’il pourrait tenter contre les intérêts américains. S’adressant à des hauts responsables militaires et de sécurité américains, samedi 2 décembre, lors d’un forum militaire à la Fondation présidentielle et à l’Institut Ronald Reagan de Simi Valley (Californie), Pompeo a déclaré qu’il avait envoyé une lettre au général Qassem Suleimani, chef du Corps des gardes révolutionnaires islamiques iraniens et de l’élite Quds. « Ce que nous lui communiquons dans cette lettre, est que nous les tiendrons, lui et l’Iran, responsables […] et nous voulions nous assurer que lui et les dirigeants iraniens comprenaient cela d’une manière très claire » a expliqué le directeur de la CIA.
Selon Pompeo, le message a été envoyé après que le commandant militaire iranien eut indiqué que des forces placées sous son contrôle pourraient attaquer les forces américaines en Irak. Il n’a pas précisé quand. « Il suffit d’observer, ces dernières semaines, les efforts des Iraniens pour exercer leur influence dans le nord de l’Irak en plus d’autres endroits dans ce pays pour voir que les efforts iraniens pour être la puissance hégémonique dans tout le Moyen-Orient continuent d’augmenter » a-t-il noté. Pompeo a également déclaré que l’Arabie saoudite était de plus en plus disposée à échanger des renseignements avec d’autres pays du Moyen-Orient au sujet de l’Iran et de l’extrémisme islamiste.
Selon Basnews, un site d’informations kurde, un grand nombre de soldats étasuniens est arrivé à la base de Kaywan-K1 à l’ouest de Kirkouk, le 28 novembre, et s’est scindé en deux contingents. Plusieurs centaines de militaires sont restés sur la base. Un autre contingent s’est dirigé vers l’est, le 1er décembre, vers Tuz Khumatu dans l’est de l’Irak et a pris le contrôle de l’aéroport militaire de Siddiq à 35 km à l’ouest. Tuz Khumatu se trouve à 100 km à l’ouest de la frontière irako-iranienne et à 163 km au nord  de Bagdad. Les forces américaines n’ont jamais été déployées aussi près de la frontière iranienne depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
Mi-novembre, plusieurs centaines de marines américains construisaient une nouvelle base dans l’ouest de l’Irak, à environ 20 km de la ville stratégique d’Al Qaim, dans la province d’Anbar, qui avait été capturée par État islamique. Évidemment, cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan américain visant à empêcher la création d’un corridor syro-irakien partant d’Iran.
À la mi-octobre, le gouvernement irakien a autorisé les forces chiites pro-iraniennes à enlever Kirkouk et ses champs de pétrole des mains des Kurdes. Les États-Unis ne sont pas satisfaits des perspectives de contrôle iranien sur le pétrole du nord de l’Irak. Le secrétaire d’État Rex Tillerson a déclaré, le 22 octobre, qu’il était temps pour les conseillers militaires et les combattants iraniens « de rentrer chez eux et de permettre au peuple irakien de reprendre le contrôle ». Téhéran soutient une grande partie des unités de mobilisation populaire (UPM), composées principalement de milices chiites, tant sur le plan militaire que financier. Mais elles sont passées par un processus de légalisation et sont devenues membres des forces de sécurité irakiennes. Leur statut et leurs activités sont une affaire interne irakienne.
 
 
La déclaration de M. Tillerson a été suivie par celle du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, M. H. R. McMaster, qui a dit au cours d’une entrevue, le 25 octobre, qu’il est possible de contenir l’influence de l’Iran au Moyen-Orient, et qu’un Irak fort en ferait partie.
Coïncidence ou non, les forces américaines ont été déployées près de la frontière iranienne alors qu’Israël lançait une frappe aérienne (le 2 décembre) sur le quartier général de la 91e brigade de l’armée syrienne, à al-Kiswah, à 14 km au sud-ouest de Damas, où se tenait une réunion présumée de chefs de milices chiites pro-iraniennes. Le 10 novembre, la BBC a publié un rapport selon lequel l’Iran « construit une base militaire permanente en Syrie ». Les dirigeants israéliens ont juré d’empêcher l’Iran de créer des bases permanentes.
Quarante-trois membres du Congrès ont envoyé une lettre, datée du 14 novembre, au Secrétaire d’État Rex Tillerson, demandant un changement de stratégie en Syrie. Selon les législateurs, c’est « une stratégie pour la Syrie qui comprend la manière dont les États-Unis envisagent d’empêcher l’Iran de s’implanter durablement en bordure d’Israël et de la Jordanie et de bloquer les exportations d’armes iraniennes vers le Hezbollah ».
Un autre élément essentiel de la stratégie anti iranienne des États-Unis consiste à promouvoir les liens entre les Saoudiens et les Irakiens. Une rencontre entre le Premier ministre irakien Haider al-Abadi et le roi saoudien Salman bin Abdul-Aziz Al Saud a eu lieu avec la bénédiction des États-Unis lorsque le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a assisté au lancement du Conseil de coordination. La déclaration susmentionnée de M. Tillerson (du 22 octobre) a été faite lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, Adel al-Jubeir. Le retour des États-Unis sur la scène centrale en Irak pour contester l’influence régionale iranienne donnera beaucoup de vigueur à l’alliance entre  eux et l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite est à la recherche d’alliances susceptibles de renforcer sa présence en Irak. Les visites irakiennes de haut niveau à Djeddah et Riyad se sont multipliées ces derniers temps sur les plans diplomatique, économique et militaire. Riyad a également accru sa participation aux forums économiques internationaux de Bagdad, avec 60 entreprises ayant participé à la Foire internationale de Bagdad. Cet été, Moktada al-Sadr, le chef du mouvement sadriste, qui représente des millions de musulmans chiites pauvres à Bagdad et dans tout le sud de l’Irak, a effectué une visite en Arabie saoudite. Il s’est également rendu dans les Émirats arabes unis, un autre État sunnite qui s’oppose à l’Iran.
La présence militaire américaine en Irak permet d’empêcher la mise en place, par l’Iran, d’un couloir terrestre vers la Méditerranée via l’Irak, la Syrie et le Liban, de renforcer son rôle dans la colonisation syrienne, de conduire des opérations transfrontalières secrètes pour déstabiliser le gouvernement à Téhéran et de maintenir des zones d’escale pour déployer des renforts en cas de guerre. Des signes indiquent qu’une campagne coordonnée visant à faire reculer l’Iran est en cours. La possibilité d’une guerre contre l’Iran s’est donc considérablement accrue ces derniers jours.
Alex Gorka

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