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dimanche 15 mars 2020

Coronavirus : voici ce qui vous attend sur le plan économique (et pourquoi vous devriez vous en inquiéter)


La crise du coronavirus n'est pas uniquement sanitaire, elle est aussi financière. Et les répercussions sur l'économie réelle peuvent être nombreuses.
La crise du coronavirus est historique, non pas par l'ampleur de la menace, mais par les conséquences qu'elle engendre. Jamais une crise sanitaire n'a eu un impact financier et économique aussi important. Deux précédents existent (la peste noire de 1347-1352 et la grippe espagnole de 1918), mais, dans les deux cas, le système financier n'était pas mondialisé. Aujourd'hui, le monde économique est dans un équilibre précaire. Et c'est une double crise qui débute : d'une part, la panique boursière va avoir des conséquences directes sur l'économie réelle ; d'autre part, les mesures sanitaires prises par les gouvernements (à commencer par le confinement des populations) va mettre à l'arrêt de très nombreuses activités économiques.
 

1. Une crise financière mondiale

 
 
Anne-Laure Delatte, responsable de l'équipe macro et finance au CEPII  (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), l'expliquait fin février au JDD : "On échappe aujourd'hui à la récession grâce aux banques centrales qui soutiennent considérablement l'activité économique. Mais cette capacité de soutien pourrait avoir des limites. Depuis plus d'un an, tous les acteurs ne se demandent pas s'il va y avoir une crise, mais quand celle-ci va intervenir."
Le coronavirus a entraîné une chute de dominos qui a débuté en Chine, laquelle représente 20% du PIB mondial. La journée de jeudi a marqué un tournant historique : Paris, Milan et Madrid ont enregistré les pires plongeons de leur histoire tandis que Londres et New York ont aligné leur pire séance depuis le krach de 1987. Mauvais hasard du calendrier, les négociations qui durent depuis plusieurs mois entre la Russie et les pays de l'Opep (l'organisation des pays exportateurs de pétrole) ont achoppé. Moscou et Ryad se sont lancés dans une guerre des prix et les cours des hydrocarbures flambent depuis une semaine.
Tout krach boursier a des conséquences directes sur l'économie réelle. Dans l'immédiat, les entreprises cotées en bourse perdent de l'argent. Elles doivent donc geler leurs investissements, voire mettre en place des plans d'économies. Cela a des conséquences sur l'emploi (avec une mise au chômage partiel d'une partie de leurs collaborateurs) et sur le niveau des salaires, et donc sur la consommation.
En première ligne, les banques doivent en parallèle faire face à un "bank run", soit l'affluence massive de leurs clients, en particulier les entreprises en manque de liquidités, qui viennent pour retirer leurs économies. A leur tour, les banques vont être en manque d'argent et se tourner vers les banques centrales.
C'est pour cette raison que Pékin a annoncé, vendredi matin, abaisser le ratio de réserve obligatoire des banques commerciales. En réduisant les fonds qu'elles sont obligées de conserver auprès d'elle, la banque centrale chinoise permet aux banques commerciales de prêter davantage aux entreprises pour soutenir l'économie réelle. Cette mesure, qui représente 70 milliards d'argent directement disponibles, va créer un choc immédiat qui doit permettre de rassurer les investisseurs.

2. Une économie à l'arrêt


La crise financière va détruire des emplois et provoquer un grand nombre de faillites d'entreprises. Mais en parallèle, la prise de mesures exceptionnelles pour lutter contre la propagation du virus va aussi entraîner des conséquences économiques.
D'abord, certains secteurs vont hiberner. Un exemple : le monde du sport. Annuler ou reporter les matchs et compétitions a des répercussions immédiates sur les finances des fédérations professionnelles. D'autant que la ministre des Sports Roxana Maracineanu a prévenu mardi, lors d'une réunion avec les acteurs du secteur, qu'il faudra "étudier les modalités de dédommagement des spectateurs", ce qui va vider un peu plus les caisses. De plus, les organisations vont devoir recourir massivement au chômage partiel de ses personnels.
Les milieux du spectacle vivant, le tourisme, les transports mais aussi l'industrie agroalimentaire ou le secteur automobile - qui dépendent beaucoup des exportations vers la Chine, en partie suspendues - sont en première ligne. Le choc sera aussi considérable pour les commerces surtout si la France suit le même chemin que l'Italie. Rome a en effet décidé la fermeture de tous les commerces, sauf pour l'alimentation et la santé.
L'Etat va agir pour limiter les dégâts, mais c'est au risque de provoquer, dans un second temps, une crise budgétaire. A la suite de l'allocution d'Emmanuel Macron, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a annoncé vendredi un coût "de dizaines de milliards d'euros". Son homologue du Travail, Muriel Pénicaud, a confirmé, elle, une prise en charge "intégrale" par l'Etat de toute demande de chômage partiel des entreprises.
Mais ces grands moyens n'empêcheront pas l'impact de la crise sur la croissance, qui devrait être de moins de 1% en 2020, loin du 1,3% prévu par le gouvernement l'an dernier. Quant au déficit public, il était censé descendre à 2,2 % du PIB cette année, pour une dette publique ramenée de 98,8 % fin 2019 à 98,7 % en 2020. Cité par Le Monde, le cabinet de Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, estime désormais que "le seuil des 100% est artificiel" et "n'est pas une ligne rouge".
Le gouvernement est donc prêt à s'endetter pour éviter le pire. Mais, une fois la crise passée, il devra revenir dans les clous budgétaires fixés par l'Union européenne, et ce pour éviter la récession. Cela peut se traduire par d'importants plans d'économies comme ceux qu'ont mené les gouvernements sous Nicolas Sarkozy et François Hollande après la crise financière de 2008-2010.
Source: wikistrike.com

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