Les pesticides, principaux responsables de l'hécatombe chez les insectes ?
ARTHROPODES.
C'est une étude à paraître qui donne froid dans le dos. Constatant
un déclin des populations d'insectes un peu partout dans
le monde, un
groupe de chercheurs, menés par le biologiste suisse Maarten
Bijleveld van Lexmond, décide, en 2009, de trouver
l'origine du phénomène.
Ces
derniers ont donc passé en revue toutes les causes possibles, en
écumant la littérature scientifique depuis les années 1950.
Intensification de l'agriculture, développement de grandes parcelles
au détriment de l'habitat naturel, utilisation de pesticides et
d'herbicides, développement des réseaux routiers, changement
climatique, pollution lumineuse nocturne... autant de causes
possibles à ce déclin que les chercheurs ont passées en revue.
Mais
durant leur analyse, la trentaine de chercheurs impliqués dans ce
projet à travers 15 pays différents a constaté un déclin
particulièrement important des populations d'insectes vers le début
des années 1990. Un déclin massif de nombreux arthropodes qui
s'amorce en Europe de l'Ouest. Une date qui correspond à celle de
l'introduction sur le marché d'une nouvelle famille d'insecticides :
les néonicotinoïdes. Y a-t-il un lien de cause à effet ? Pour le
savoir,
les scientifiques participant à cette étude ont donc focalisé
leurs recherches sur la littérature scientifique traitant de
l'utilisation de ces nouveaux pesticides et de leurs effets sur la
biodiversité et les écosystèmes.
AFFAIBLISSEMENT.
Pas moins de 800 articles ont été passés en revue. Et le constat
de ces chercheurs regroupés au sein de cette "Task
Force" sur les pesticides systémiques est sans appel : les
nénonicotinoïdes sont les principaux responsables du déclin des
arthropodes, ce qui impacte également les populations d'oiseaux. Les
premières conclusions de leur méta-étude devraient être publiées
en huit articles pendant l'été dans la revue Environmental Science
and Pollution Research, ainsi que dans le Journal scientifique
Springer. Ils en détaillent les
grandes lignes dans cette vidéo :
Ce
résumé
de leurs travaux explique que ces néonicotinoïdes sont épandus sur
les cultures, ou directement sur les graines avant qu'elles ne soient
plantées. Les molécules de pesticides pénètrent alors les
cellules du végétal, et se retrouvent dans ses feuilles, ses fleurs
comme dans ses fruits. Tout animal se nourrissant sur des végétaux
ainsi traités ingère alors un peu de ces molécules toxiques.
C'est
un peu comme si on prenait des antibiotiques en permanence.
Mais la plus grande part de cet insecticide ne reste pas sur la
plante. "Plus de 90% du produit file dans l'environnement, où
il demeure pendant plusieurs années", chiffre Dave Goulson,
professeur à l'Université de Sussex de Brighton, en Grande
Bretagne. Et comme les campagnes d'épandage sont renouvelées
régulièrement, ces pesticides s'accumulent lentement mais sûrement
dans les sols, les nappes phréatiques et les
cours d'eau.
"C'est un peu comme si on prenait des antibiotiques en
permanence pour ne pas tomber
malade déplore Dave Goulson.
Et les
conséquences seraient catastrophiques sur les insectes. Les effets
liés à l'exposition à
ces
pesticides "peuvent être immédiats et fatals mais également
chroniques", soulignent les chercheurs. Ces molécules
neurotoxiques affectent la capacité des insectes à s'orienter,
à voler,
à s'alimenter, dégraderait leur odorat et réduirait leur fécondité
ainsi que leur résistance naturelle aux maladies.
Vers
de terre, amphibiens et oiseaux également touchés.
Des
symptômes que l'on retrouve chez les abeilles qui souffrent du
syndrome d'effondrement des colonies. Et pour cause, selon les
chercheurs responsables de cette étude, certains néocotinoïdes
seraient entre 5000 et 10 000 fois plus toxiques pour les abeilles
que ne l'est le DDT. Selon cette étude, d'autres espèces seraient
également touchées, au premier rang desquelles les invertébrés
terrestres, comme les vers de terre, indispensable maillon de la vie
des sous-sols, mais aussi des invertébrés aquatiques, comme les
gastéropodes d'eau douce et les puces d'eau. Et les oiseaux, les
poissons et les amphibiens ne seraient pas non plus épargnés. Les
chercheurs précisent ne pas avoir
de données suffisantes pour déterminer leur impact sur les
mammifères et les reptiles, même si un "impact est probable"
sur ces derniers.
Extraits
de Wikistrike
c'est une honte
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