Dangereuse escalade des tensions entre la Chine et le Vietnam, la Chine envisage la Force!
En
annonçant le déploiement d’une plate-forme de forage
pétrolier
en eau
profonde dans
des eaux revendiquées par les deux pays, Pékin a mis le feu aux
poudres…
Les
relations sino-vietnamiennes n’ont jamais été un long
fleuve tranquille,
mais ces derniers jours, les tensions entre les
deux voisins
ont atteint leur point culminant depuis plusieurs années. En
annonçant le déploiement d’une plate-forme de forage pétrolier
en eau profonde dans des
eaux
revendiquées par les deux pays, Pékin a mis le feu aux poudres.
Une
histoire de conflits et de dépendance
Depuis
deux millénaires, le Vietnam vit à l’ombre de son voisin, le
«géant du nord». Occupé par la Chine pendant 1.000 ans, jusqu’au
10e siècle, le pays a largement été marqué par l’Empire du
milieu dans sa culture, sa religion et l’organisation de son
pouvoir.
Les conflits militaires qui se sont succédés au cours des siècles
ont fait naître dans
les
deux pays une défiance mutuelle.
Plus
récemment, la Chine et le Vietnam ont connu deux épisodes
sanglants, en 1979 et en 1988. Les deux voisins n’en partagent pas
moins une idéologie communiste et de forts liens
économiques.
La
«provocation» de la Chine
Les
deux pays communistes ont des différends territoriaux de longue date
sur les archipels des
Paracels
et des Spratleys, en mer de Chine méridionale, dont les fonds sont
supposés riches en pétrole et qui constituent d’importantes voies
maritimes internationales. Des tensions qui ont fortement augmenté
depuis l’annonce début mai par Pékin du déploiement d’une
plate-forme de forage pétrolier en eau profonde dans les eaux
contestées, un acte décrit par les États-Unis comme «provocateur».
Le
Vietnam a dénoncé une décision «illégale» et exigé que la
plate-forme soit retirée. Hanoï a aussi envoyé des navires dans la
région, dont certains, selon lui, ont été attaqués ou harcelés
par des navires chinois.
En
utilisant la rue, Hanoï joue avec le feu
Le
gouvernement vietnamien, qui se méfie d’habitude des
rassemblements publics, a cette fois autorisé
et encouragé son peuple à manifester.
Un millier de personnes se sont ainsi massées dimanche devant
l’ambassade de Chine à Hanoï pour dénoncer ce qui est vécu
comme une agression de la Chine. Vétérans de guerre, étudiants,
anonymes ont brandi des banderoles «Chine, ne vole pas notre
pétrole» ou «Le silence est lâche» -critique de la gestion du
litige par
Hanoï- et entonné des chants patriotiques dans un parc en face de
l’ambassade de Chine.
«Il
s’agit de la plus importante manifestation anti-chinoise que j’ai
jamais vue à Hanoï», a affirmé Dang Quang Thang, un vétéran de
guerre de 74 ans. «Notre patience a des limites. Nous sommes ici
pour exprimer la volonté du peuple vietnamien de défendre à tout
prix notre territoire. Nous sommes prêts à mourir pour protéger la
nation», a-t-il déclaré à l’AFP.
Mais
Hanoï sait que la rue peut se retourner contre son régime
autoritaire. Les dissidents politiques, ancrés dans le mouvement
antichinois, l’ont déjà utilisé par le passé pour soutenir leur
cause.
L’isolement
du Vietnam
Le
Vietnam est loin d’être le seul en Asie à connaître des tensions
territoriales avec la Chine. Récemment, les Philippines ont aussi
montré les dents face à Pékin, dont les velléités territoriales
suscitent l’inquiétude en Asie comme à Washington. Cependant, le
Vietnam, qui n’a pas d’alliance militaire formelle avec d’autres
pays, est particulièrement fragile, contrairement au Japon ou aux
Philippines, auxquels Barack
Obama a
récemment réaffirmé
le soutien
des États-Unis en cas d’agression.
«La
Chine semble avoir agi au moment où le Vietnam est le plus
vulnérable»,analyse
Carl Thayer,
un expert de la Mer de Chine méridionale. «Il y a un risque que les
autres pays disent que ce n’est pas leur problème». Le Vietnam,
en position de faiblesse, ne semble pas vouloir abandonner ses
revendications
territoriales
pour autant: «On peut s’attendre à plusieurs mois à haute
tension,
pense Ian Storey, analyste de la sécurité régionale basé à
Singapour. Cela pourrait devenir la crise sino-vietnamienne la plus
sérieuse depuis la guerre de 1979.»
Samedi,
les ministres des Affaires
étrangères des
pays
du Sud-est
asiatique ont exprimé leurs «graves inquiétudes à propos des
développements en cours» dans un communiqué conjoint. «La mer de
Chine méridionale reste une épreuve pour l’Asean», a reconnu le
chef de la diplomatie indonésienne, Marty Natalegawa. Mais peu de
pays sont prêts à mettre en péril leurs relations politiques et
économiques avec la Chine.
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