Le réveil d'un virus géant pris dans les glaces depuis 30 000 ans inquiète les scientifiques
Le réchauffement et les forages
profonds favorisent le retour à la vie de pathogènes contre
lesquels l'homme n'est plus immunisé. Un virus de plus de 30.000 ans
vient d'être retrouvé dans les sols gelés de l'extrême Nord-Est
sibérien.
Dans la dernière publication des
PNAS
(comptes rendus de l'Académie des sciences des États-Unis),
l'équipe du chercheur révèle, avec ses confrères de l'Inserm et
du CEA et la collaboration des Russes, l'existence d'un nouveau
virus géant
baptisé Pithovirus sibericum. Son diamètre (0,5 micromètre) et sa
longueur (1,5 micromètre) en font «le plus gros virus jamais
découvert », précisent les scientifiques. Il porte aussi à trois
le nombre de familles distinctes de virus géants. Mais tout aussi
important est son âge : pris dans les sols gelés de l'extrême
Nord-Est sibérien, ce virus a plus de 30.000 ans. Cela correspond au
pléistocène supérieur, soit l'époque de l'extinction de l'homme
de Neandertal.
Si Pithovirus sibericum infecte les amibes, il est inoffensif pour
l'homme et les animaux, rappellent les chercheurs. Mais le seul fait
que l'on puisse ramener à la vie un virus de 30.000 ans signifie que
des pathogènes pour l'homme peuvent de la même manière refaire
surface.
Le danger est réel , la fonte des
glaces en Arctique et celle du permafrost (la couche du sol terrestre
qui reste gelée en permanence) vont rendre accessibles des zones qui
ne l'étaient pas auparavant.
Le danger ne vient pas de la seule
couche superficielle du sol. L’Arctique est considéré comme un
nouvel eldorado minier. En creusant pour trouver du pétrole ou du
gaz, des hommes pourront bien involontairement entrer en contact avec
des microbes. Même s'ils ne sont que quelques-uns dans une zone
désertique, ils pourront être contaminés et surtout devenir des
vecteurs, insistent les chercheurs. D'autant que ces zones du Grand
Nord ont été habitées il y a quelques milliers d'années. Dès
lors que des pathogènes peuvent à nouveau être largués lors de
ces prospections industrielles, le risque de contamination devient
important, sachant que les défenses immunitaires n'existent pas ou
ont disparu depuis longtemps. Dans le permafrost comme dans les
sédiments profonds, le milieu est anoxique (dénué d'oxygène) il
n'y a pas de lumière, le pH est neutre, soit des conditions idéales
de conservation de bactéries ou de virus, ajoutent les chercheurs.
Pithovirus sibericum a ainsi été trouvé dans un échantillon de
terre prélevé à 30 mètres de profondeur.
Il est déjà connu que le dégel
de la couche active du permafrost peut grandement affecter les
animaux. Dans le Grand Nord où paissent d'immenses troupeaux de
rennes domestiques, les études ont montré que les étés
particulièrement chauds provoquaient un dégel au-delà de la couche
habituelle, dégageant alors la bactérie Bacillus anthracis,
responsable de la maladie du charbon, qui infecte ainsi régulièrement
les troupeaux.
Un nouveau parasite protozoaire
auparavant séquestré sous la glace a aussi récemment émergé,
provoquant une mortalité étendue chez des phoques gris et d'autres
mammifères menacés de l'Arctique. Un épisode rapporté par des
chercheurs courant février à Chicago dans le cadre du colloque
annuel de l'AAAS (Société américaine pour l'avancement des
sciences). Ils précisaient que le parasite a affecté des otaries,
des morses, des ours polaires ou encore des grizzlis jusque dans le
sud de la Colombie-Britannique (Canada.)
On a vu par le passé les désastres que pouvaient
causer chez des hommes des pathogènes qui n'existaient pas dans leur
environnement. Ce fut le cas avec les Indiens décimés par la
rougeole et la syphilis contractées auprès d'Européens. Plus
récemment, on connaît le désastre provoqué par le virus du sida
lorsqu'il est passé du singe à l'homme. Si l'homme de Neandertal a
été touché par une infection, des forages pourraient faire
resurgir cette maladie. Les scientifiques ont également en tête le
virus de la variole, dont le processus de réplication est similaire
à celui des Pithovirus. On pense avoir éradiqué la variole, mais
ce n'est le cas qu'à la surface de la Terre.
Source: Wikistrike
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